Mircrosoft a annoncé, lundi, l’embauche de Sam Altman, le co-fondateur et ex-numéro un de la start-up OpenAI, qui a lancé ChatGPT, dont le conseil d’administration l’a brutalement limogé en fin de semaine dernière.
Sitôt limogé, sitôt recruté. Sam Altman, le visage public d’OpenAI, qui a lancé la plateforme d’intelligence artificielle générative ChatGPT, a rejoint, lundi 20 novembre, les équipes du géant de l’informatique Microsoft, quelques jours après son licenciement surprise.
Le renvoi vendredi, pour des raisons encore obscures, de l’homme qui est devenu en un an une superstar de la Silicon Valley a surpris, tant l’entrepreneur de 38 ans était considéré comme un pionnier et une des figures de proue d’un secteur aux enjeux considérables, celui de l’intelligence artificielle (IA).
Trois jours plus tard, Satya Nadella, patron de Microsoft qui a investi des milliards de dollars dans l’infrastructure informatique utilisée par OpenAI, a annoncé l’engager, avec d’autres responsables qui avaient démissionné après son renvoi, « pour diriger une nouvelle équipe de recherche dans l’IA ».
« La mission continue », a réagi l’intéressé sur X (ex-Twitter).
Sam Altman a créé OpenAI (initialement une fondation à but non-lucratif) en 2015, dans l’idée de développer une IA qui serait « sûre et bénéficierait à l’humanité », selon les mots d’Elon Musk, l’un des cofondateurs écarté en 2019, dans une interview au New York Times.
L’IA est sous les projecteurs depuis que des millions de personnes ont adopté ChatGPT, l’interface d’OpenAI capable de converser avec les humains en langage naturel et de générer toutes sortes de textes sur simple requête.
« Au fur et à mesure que l’intelligence (artificielle) sera intégrée partout, nous aurons tous des superpouvoirs à la demande », a promis Sam Altman lors d’une conférence jeudi, à la veille de son renvoi.
Face aux fortes inquiétudes suscitées, notamment quant à la démocratie et à l’emploi, l’entrepreneur a assuré à l’AFP : « J’ai beaucoup d’empathie pour le ressenti des gens, quel que soit leur ressenti ».
Repousser les limites
Né en avril 1985, l’entrepreneur grandit à St Louis (Missouri). Sa vie change quand il reçoit un Mac pour son huitième anniversaire. Internet l’aide à vivre son homosexualité quand il n’a encore « personne à qui en parler », relate-t-il à Esquire en 2014.
Il étudie l’informatique à Stanford mais quitte rapidement l’université pour créer, en 2005, le réseau social Loopt, valorisé à plus de 43 millions de dollars quand il le revend en 2012. En 2014, il prend la tête de Y Combinator, qui investit dans des start-up et conseille les entrepreneurs, en échange d’actions. L’organisation a notamment aidé Airbnb, Stripe et Reddit.
Sous sa direction, l’incubateur s’étend bien au-delà des logiciels, pour inclure des jeunes pousses de nombreux autres secteurs, comme Industrial Microbes, une start-up de biotechnologie.
Son président, Derek Greenfield, se souvient de quelqu’un de très « intense ». « Il pense et parle vite, il pose les questions difficiles mais toujours de façon encourageante », décrit-il. « Il a repoussé les limites. Je ne sais pas où nous serions s’il n’avait pas transformé (Y Combinator). »
« C’est un penseur (profondément réfléchi) qui cherche à tout prix à faire les choses correctement », commente aussi Jeremy Goldman d’Insider Intelligence. Adepte des shorts et T-shirts, amateur de voitures de sport et pilote d’avion à ses heures perdues, Sam Altman donne souvent l’impression d’être introverti.
Il se dit optimiste mais est aussi un survivaliste, d’après le New Yorker : il stocke des armes, de l’or, de l’eau et des antibiotiques dans sa propriété de Big Sur, sur la côte californienne.
Favorable au revenu universel
L’entrepreneur prolifique a personnellement investi dans différentes entreprises, dont 375 millions de dollars dans Helion, une start-up de fusion nucléaire.
« Ma vision de l’avenir et la raison pour laquelle j’adore (Helion et OpenAI), c’est que, si nous parvenons à faire vraiment baisser le coût de l’intelligence et le coût de l’énergie, la qualité de la vie pour tout le monde va considérablement augmenter », a-t-il expliqué à CNBC en mai.
En juillet, il a lancé officiellement Worldcoin, une nouvelle cryptomonnaie dotée d’un système de vérification de l’identité à partir de l’iris humain. L’objectif affiché : réduire le risque de fraude et d’arnaque dans un secteur où le recours aux pseudonymes est courant.
Côté politique, il a qualifié Donald Trump de « menace pour la sécurité nationale » et organisé une collecte de fonds pour le candidat démocrate Andrew Yang, qui prône le revenu universel, c’est-à-dire une allocation minimum pour tous, qui compenserait la perte des emplois à cause de l’automatisation.
« Ce n’est pas compliqué : nous avons besoin que la technologie crée plus de richesse et d’une politique qui la distribue équitablement », a écrit Sam Altman sur son blog.
« Le progrès technologique que nous (atteindrons) ces cent prochaines années sera beaucoup plus important que tout ce que l’on a accompli depuis que nous avons maîtrisé pour la première fois le feu et inventé la roue », prévoyait-il dans un billet de blog en 2021.
Avec AFP