Il a connu des vacances plus heureuses. C’est lors d’un séjour à Marrakech que Cédric Tempestini, Français installé à l’île Maurice, découvre que l’un de ses portefeuilles de cryptomonnaie, Atomic Wallet, a presque été intégralement vidé à ses dépens. “Ça s’est produit samedi matin, vers 7h30, mais je ne l’ai constaté que le soir”, nous dit-il. Celui qui se décrit comme “entrepreneur dans l’investissement depuis ses 23 ans”, et prodigue des conseils financiers sur une chaîne Youtube, se dit victime, comme des centaines d’autres utilisateurs du logiciel Atomic Wallet d’un piratage de masse : s’il est encore trop tôt pour dresser le bilan de ce cybercrime, plus de 35 millions de dollars auraient été dérobés aux utilisateurs de ce portefeuille de cryptomonnaies selon l’analyste ZachXBT, même si l’éditeur du wallet affirmait ce lundi 5 juin que seul 1% de ses utilisateurs actifs étaient concernés.
Cédric Tempestini estime sa perte à “environ 40.000 euros”, en nous montrant la liste des différentes transactions qui auraient été initiées sans son accord. Il nous est cependant impossible de le vérifier puisqu’il n’a pas accepté de nous partager le hash des transactions (l’identifiant permettant de vérifier les adresses émettrices et réceptrices d’une transaction), par souci de discrétion. Lors de notre entretien en visioconférence, il nous montre l’interface de son portefeuille crypto et une liste de transactions sortantes : environ 13.700 xrp (environ 6.500 euros), 5,6 ethers (environ 9.000 euros), 18,6 bsc (près de 4.700 euros), 20700 doge (soit 1.300 euros), 3600 matic (2.700 euros), 330 atom (environ 3.000 euros) ou 325 aptos (près de 2.470 euros). C’est même nous qui lui pointons une transaction réalisée étrangement neuf heures après les précédentes, concernant le jeton Polkadot, et qu’il n’avait pas vu. Au bout du compte, la perte subie serait plutôt de l’ordre de 30.000 euros, un matelas toujours conséquent.
Déjà presque victime de FTX
D’ailleurs, Cédric Tempestini ne devait à l’origine pas cumuler autant d’actifs dans ce même portefeuille. “J’étais en pleine diversification de moyens de stockage parce que je pars du principe que je ne sais pas, qu’il y a toujours des risques en angle mort, poursuit-il. En réalité, j’avais trop de cryptomonnaies sur ce wallet. J’étais en train de déplacer mes fonds car ils étaient initialement sur Binance (plateforme de trading crypto, ndlr), qui m’embêtait pour une histoire d’origine des fonds depuis des semaines malgré l’envoi de mes déclarations d’impôts en guise de justificatif. Cela fait des semaines que j’attends que la procédure de vérification passe et comme j’avais des craintes que Binance me bloque l’accès à mon compte, j’avais envoyé mes fonds sur Atomic Wallet afin de réduire le risque.”
Cette prudence lui aura donc coûté cher, même si le Français n’en fait pas une montagne. Il n’a pas porté plainte et a simplement contacté la société éditrice d’Atomic Wallet. “J’ai envoyé un mail au support technique, j’ai rempli un formulaire en ligne et j’ai répondu à l’une de leurs demandes qui consistaient à leur renvoyer l’application Atomic Wallet dans un dossier zippé”, détaille l’expatrié, qui considère ses “fonds perdus”.
S’il se refuse à commenter son patrimoine, il estime que cette perte constitue “moins de 5% de ses actifs en crypto”. “Ce n’est pas la fin du monde, mais c’est chiant !”, déplore-t-il.
Il semble habitué à ce type de péripéties : il nous dit avoir retiré “in extremis l’équivalent de 100.000 euros” de la désormais défunte plateforme FTX, juste avant sa faillite. “C’est la crypto”, sourit-il. “Il y a des risques”.
Quant aux raisons du hack, elles sont toujours inconnues à ce jour : d’aucuns estiment qu’une mise à jour du logiciel aurait été vérolée mais certaines victimes présumées assurent n’avoir jamais téléchargé la dernière version d’Atomic Wallet.