Obtenir du rendement en mettant au travail vos cryptomonnaies c’est possible grâce à la finance décentralisée. Un sujet complexe à bien maîtriser avant de s’y frotter.
L’univers des cryptomonnaies regorge de termes ou d’acronymes parfaitement incompréhensibles pour les néophytes ! La « DeFi », ou finance décentralisée, en fait partie. Un sujet nécessaire à appréhender si vous vous intéressez de près aux crypto-actifs. « La DeFi permet de réaliser des opérations financières complexes sans faire appel à un tiers de confiance », résume Alexandre Stachtchenko, directeur blockchain et cryptos au sein de KPMG France. Son objectif : démocratiser l’accès aux services financiers en se passant d’une banque, d’un assureur ou même d’un teneur de marché !
Un système alternatif
Ses applications sont nombreuses : souscription à un prêt, rémunération en échange d’apport de liquidité, prêt-emprunt de crypto-actifs…. « C’est un système financier alternatif et ouvert à tous, résume Faustine Fleuret, présidente de l’Adan (Association pour le développement des actifs numériques). Il suffit d’avoir accès à Internet et de connaître les rudiments de la détention et l’échange de crypto-actifs. »
C’est techniquement possible grâce aux « smart contracts », ou contrats intelligents. Ces programmes informatiques enregistrent lesdites opérations sur une blockchain, technologie à l’origine du bitcoin. La reine des cryptomonnaies permet de transférer de la valeur en ligne sans intermédiaire. « Bitcoin implique une certaine inertie, qui fait partie de sa proposition de valeur, et se limite pour l’instant au paiement et à la conservation. Pour aller plus loin et offrir une réelle alternative au système financier traditionnel, d’autres protocoles, comme Ethereum, ont été développés », précise Alexandre Stachtchenko.
Un segment immature
En pratiquement deux ans, la finance décentralisée a ainsi pris son envol. Elle représente aujourd’hui environ 110 milliards de dollars d’encours bloqués, selon le site d’agrégation de données sur la finance décentralisée Defi Llama. Ce montant a été divisé par plus de deux depuis le krach récent sur les cryptomonnaies. Il est vrai que cela reste un segment des crypto-actifs largement immature et spéculatif. Des dérives existent. La récente débâcle de Terra Luna en est la parfaite illustration. Son système de prêt-emprunt offrant une rémunération à 19% pour les prêteurs a accentué sa chute. Ce taux était assuré seulement en partie par les emprunteurs (4 à 5%). Le supplément était directement prélevé sur les réserves de Terra Luna.
De quoi donc se montrer très prudent. Certes, vous pouvez trouver des offres alléchantes, souvent à deux chiffres, sur la DeFI. Pour investir en direct, il faudra bien vous renseigner. Regardez le protocole utilisé, le CV des fondateurs, la cryptomonnaie en vigueur, la conservation des actifs… Uniswap ou Curve figurent parmi les protocoles plus utilisés. Ils proposent des rendements composés contre apport de liquidité sur des paires d’actifs numériques. « Aave ou Atlendis Labs sont des plateformes de prêts décentralisés, ou encore Lido développe une méthode de staking » précise Hugo Bordet, responsable des Affaires règlementaires de l’Adan.
Des risques exponentiels
Ne négligez pas les risques qui sont exponentiels sur la DeFi. « L’achat de crypto-actifs est déjà en soit risqué. L’utilisation de la DeFi pour améliorer ses rendements représente donc un risque composé supplémentaire de perte en capital conséquente dont il faut avoir conscience », met en garde Alexandre Stachtchenko. Pour éviter de vous brûler les ailes, vous pouvez souscrire à des produits proposés par des intermédiaires. L’idéal est de vous tourner vers un acteur enregistré en qualité de PSAN (Prestataire de services sur actifs numériques). C’est le cas de Coinhouse avec son livret crypto. Mon Livret C devrait quant à lui lancer son offre en juin. Mais n’oubliez pas que cette finance alternative, tout comme les cryptomonnaies dans leur ensemble, n’est pas pour le moment régulée.